mercredi 25 juillet 2007

Questions sur une libération

C'est hier, au terme de négociations entre Paris et Tripoli, que les infirmières bulgares ont été libérées après huit années de prison, ces dernières ayant été injustement accusées d'avoir volontairement inoculé le virus du SIDA à près de 400 enfants de Benzaghi, la seconde ville de Libye.
Si nous pouvons nous féliciter de cet heureux dénouement, il n'en demeure pas moins que l'on peut s'interroger sur la méthode utilisée par le président de la République. En effet, si la France a joué un rôle important dans la libération des infirmières, on peut tout de même s'interroger sur le rôle exact de Cécilia Sarkozy et de Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée.
Certains - notamment dans le majorité - crieront au génie et se féliciteront du coup de maître qu'à réalisé le chef de l'Etat qui fait ainsi des premiers pas sur la scène internationale. Et c'est bien là le problème : le président de la République, obsédé par le culte du résultat, a cherché à obtenir un succès rapide et ce, quelqu'en soit le coût et quelqu'en soient les conséquences du moment qu'il lustre un peu plus son blason présidentiel. Qui plus est, c'est l'occasion de donner une meilleure réputation à Cécilia Sarkozy qui souffre d'un déficit de popularité auprès de nos concitoyens.
Si Cécilia Sarkozy a été plus utile à Tripoli qu'à l'Elysée, tant mieux pour la France. Dans ce cas, le président de la République devrait tout simplement nommer sa femme au poste de ministre des Affaires étrangères et européennes en remplacement de Bernard Kouchner, histoire de clarifier les choses ! Le rôle de Cécilia Sarkozy fut quoi qu'il en soit parfait puisque le président de la République a voulu allier le glamour à la diplomatie (sous couvert d'une soi-disante mission humanitaire)
Néanmoins, il n'en demeure pas moins que l'actuel chef de l'Etat entend tirer la couverture bien à lui, méprisant les autres acteurs de la libération des infirmières bulgares dont la commissaire européenne Benita Ferrero Waldner. Un tel agissement de la part de la France montre bien tout le mépris et l'arrogance dont fait preuve l'Elysée, ce qui est drôle au même moment où Rama Yade - secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères - veut en finir avec "l'arrogance de la France". On prend vraiment les gens pour plus bêtes qu'ils ne le sont !
Toujours est-il que cette libération laisse place à bon nombre d'interrogations notamment sur l'utilité de Kouchner et du Quai d'Orsay mais aussi sur les concessions que le chef de l'Etat a fait au président Kadhafi pour obtenir la libération des infirmières. A ce sujet, le chef de l'Etat jure qu'aucun euro n'a été versé. Nous aimerions le croire ! Néanmoins, cela serait faire preuve de naïveté. En effet, rien n'est gratuit dans la vie et nous aimerions de tout coeur que l'Elysée fasse preuve de transparence dans cette affaire au lieu de se contenter des discours policés et peu convaincants de son porte-parole.

lundi 9 juillet 2007

Portrait du benjamin de l'Assemblée nationale, Olivier Dussopt

Nous reproduisons l'intégrale de l'entretien accordé par Olivier Dussopt, député PS de l'Ardèche et benjamin de l'Assemblée nationale à L'Hebdo des socialistes, entretien paru dans la dernière édition du magazine du Parti socialiste consultable en ligne. Pour rappel, Olivier Dussopt est un ancien de notre IEP où il fut diplômé.
Bonne lecture !

Olivier Dussopt, plus jeune député de l’Assemblée Nationale

(L'Hebdo des socialistes, 5 juillet 2007, n°453)

Son premier engagement, Olivier Dussopt l’a connu en 1993, contre le contrat d’insertion professionnel (CIP) de Balladur : « J’étais en classe de troisième et j’ai mis mon collège en grève !» se souvient celui qui vient d’être élu dans la deuxième circonscription de l’Ardèche, devenant ainsi, à 28 ans, le plus jeune député de la nouvelle Assemblée.Né en 1978 à Annonay, de parents ouvriers, diplômé de Sciences Po Grenoble, Olivier Dussopt adhère en 2000 au Parti socialiste. Secrétaire de la section d’Annonay en 2001, numéro deux de la fédération ardéchoise, aux côtés d’Hervé Saulignac, depuis 2003, un temps responsable départemental du MJS, Olivier occupe différents postes de chargé de mission au conseil général de l’Ardèche, avant d’être un proche collaborateur du sénateur Michel Teston. Candidat aux régionales en 2004, il n’est pas élu mais rejoint la région Rhône-Alpes dès 2006, à la faveur d’une démission, devenant alors déjà le plus jeune él de l’assemblée.
Ce qui a motivé ce spécialiste en économie et développement local à se porter candidat aux élections législatives fut le fait de pouvoir s’appuyer sur une base solide de militants, l’expérience acquise auprès de Michel Teston, et sa proximité avec Pascal Terrasse, député et président du conseil général de l’Ardèche, et avec Benoît Hamon, dont il partage les idées. Après une campagne qui s’est voulue très collective, Olivier Dussopt a été élu sur un message de clarté et de rassemblement : « Faites le choix de l’efficacité !»
Celui qui revendique être « un député militant mais avant tout un militant qui est devenu député » est fier d’avoir fait gagner la gauche sur une terre traditionnellement de droite. Avec sa suppléante, Michèle Victory, il compte bien veiller aux intérêts du département : défense des services publics en zone rurale(notamment la desserte en haut débit des terres montagneuses) et développement de mécanismes de solidarité entre les territoires. Au niveau national, Olivier Dussopt pense qu’il faut répondre aux questions de fond sur l’identité du Parti, ses objectifs, et les moyens d’y parvenir : « Nous avons avant tout une maison à reconstruire, ensuite on se posera la question de son gardien. »Celui qui peine encore à trouver son chemin dans les couloirs du Palais-Bourbon souhaite avant toute chose « laisser le souvenir de quelqu’un qui bosse, et pas seulement du plus jeune de l’Assemblée ». Tout est dit.

Sophie Dulibeau

mercredi 4 juillet 2007

Doublure

Hier après-midi, nous attendions tous le président de la République au Palais Bourbon pour son discours de politique générale. Première déception ! C’est sa doublure, le Premier ministre François Fillon, qui s’en est chargée.

Une heure et sept minutes de discours fleuve pour finalement pas grand-chose ! Que de la redite, du déjà-vu, du déjà entendu ! Le Premier ministre n’a fait que confirmer la politique soi-disant ambitieuse mais assez peu claire du Président de la République. A ce titre, François Fillon a rappelé certaines mesures telles la réforme des universités, les franchises médicales ou bien encore la TVA sociale.

A quoi sert François Fillon, décidément ? Au mieux de porte-parole, au pire de chambellan. Toujours est-il que c’est la doublure idéale de Nicolas Sarkozy. D’ailleurs, les autres membres du gouvernement constituent également des doublures idéales pour le chef de l’Etat.

Le président de la République est partout et veut tout faire, au risque de mal faire. L’exemple le plus criant reste le dossier concernant la réforme des universités où la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, fait figure de plante verte face à celui qui veut jouer les démineurs.

Le Premier ministre reste tout aussi mal loti que la plupart des autres membres du gouvernement. En effet, si Nicolas Sarkozy cherche à s’imposer un style « médiatico-bonapartiste », on peut aisément se demander où se trouve celui du chef du gouvernement. Le Premier ministre se décrit lui-même comme un co-pilote du chef de l’Etat. Il ne fait que strictement suivre la feuille de route d’un hyper-président. En gros, Sarkozy, c’est Batman, maître de Gotham City et Fillon, c’est Robin, le fidèle serviteur. François Fillon est bel et bien la doublure d’un président qui veut tout imposer. Mieux, il se décrit comme un loyal fidèle suivant sans broncher les orientations et directives du maître de l’Elysée.

Et la Constitution dans tout cela ?

L’article 20 de la Constitution de notre cinquième république est pourtant clair : le gouvernement détermine et met en œuvre la politique de la Nation. Depuis le 16 mai dernier – date de la prise de fonctions de Nicolas Sarkozy – cette prérogative est plus ou moins piétinée, le Premier ministre se limitant à jouer le gentil animateur du gouvernement. Si le Président de la République souhaite – de manière officielle cette fois-ci – s’arroger tous les pouvoirs, qu’il le fasse savoir et qu’il réunisse le Parlement en Congrès afin de modifier la Constitution, histoire de clarifier les choses.
Dès lors, il paraît essentiel pour le bien de nos institutions de mettre un peu d’ordre et qu’on sache une fois pour toutes à quoi sert le Premier ministre. Toujours est-il que nous étions prévenus d’une certaine manière : en janvier 2006, lors de ses vœux à la presse, Nicolas Sarkozy – alors ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire – avait présenté le prototype de sa future présidence : « l’Etat, c’est moi », façon Louis XIV, le Premier ministre n’étant délégué qu’à un rôle de super collaborateur et coordinateur. Aussi, si le clonage humain n’existe pas (pour l’instant), le clonage gouvernemental a de beaux jours devant lui. La preuve : Nicolas Sarkozy est décliné en 15 ministres et 16 secrétaires d’Etat.


Une de "L'hebdo des socialistes" du 5 juillet 2007