C'est hier, au terme de négociations entre Paris et Tripoli, que les infirmières bulgares ont été libérées après huit années de prison, ces dernières ayant été injustement accusées d'avoir volontairement inoculé le virus du SIDA à près de 400 enfants de Benzaghi, la seconde ville de Libye.
Si nous pouvons nous féliciter de cet heureux dénouement, il n'en demeure pas moins que l'on peut s'interroger sur la méthode utilisée par le président de la République. En effet, si la France a joué un rôle important dans la libération des infirmières, on peut tout de même s'interroger sur le rôle exact de Cécilia Sarkozy et de Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée.
Certains - notamment dans le majorité - crieront au génie et se féliciteront du coup de maître qu'à réalisé le chef de l'Etat qui fait ainsi des premiers pas sur la scène internationale. Et c'est bien là le problème : le président de la République, obsédé par le culte du résultat, a cherché à obtenir un succès rapide et ce, quelqu'en soit le coût et quelqu'en soient les conséquences du moment qu'il lustre un peu plus son blason présidentiel. Qui plus est, c'est l'occasion de donner une meilleure réputation à Cécilia Sarkozy qui souffre d'un déficit de popularité auprès de nos concitoyens.
Si Cécilia Sarkozy a été plus utile à Tripoli qu'à l'Elysée, tant mieux pour la France. Dans ce cas, le président de la République devrait tout simplement nommer sa femme au poste de ministre des Affaires étrangères et européennes en remplacement de Bernard Kouchner, histoire de clarifier les choses ! Le rôle de Cécilia Sarkozy fut quoi qu'il en soit parfait puisque le président de la République a voulu allier le glamour à la diplomatie (sous couvert d'une soi-disante mission humanitaire)
Néanmoins, il n'en demeure pas moins que l'actuel chef de l'Etat entend tirer la couverture bien à lui, méprisant les autres acteurs de la libération des infirmières bulgares dont la commissaire européenne Benita Ferrero Waldner. Un tel agissement de la part de la France montre bien tout le mépris et l'arrogance dont fait preuve l'Elysée, ce qui est drôle au même moment où Rama Yade - secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères - veut en finir avec "l'arrogance de la France". On prend vraiment les gens pour plus bêtes qu'ils ne le sont !
Toujours est-il que cette libération laisse place à bon nombre d'interrogations notamment sur l'utilité de Kouchner et du Quai d'Orsay mais aussi sur les concessions que le chef de l'Etat a fait au président Kadhafi pour obtenir la libération des infirmières. A ce sujet, le chef de l'Etat jure qu'aucun euro n'a été versé. Nous aimerions le croire ! Néanmoins, cela serait faire preuve de naïveté. En effet, rien n'est gratuit dans la vie et nous aimerions de tout coeur que l'Elysée fasse preuve de transparence dans cette affaire au lieu de se contenter des discours policés et peu convaincants de son porte-parole.