mercredi 4 juillet 2007

Doublure

Hier après-midi, nous attendions tous le président de la République au Palais Bourbon pour son discours de politique générale. Première déception ! C’est sa doublure, le Premier ministre François Fillon, qui s’en est chargée.

Une heure et sept minutes de discours fleuve pour finalement pas grand-chose ! Que de la redite, du déjà-vu, du déjà entendu ! Le Premier ministre n’a fait que confirmer la politique soi-disant ambitieuse mais assez peu claire du Président de la République. A ce titre, François Fillon a rappelé certaines mesures telles la réforme des universités, les franchises médicales ou bien encore la TVA sociale.

A quoi sert François Fillon, décidément ? Au mieux de porte-parole, au pire de chambellan. Toujours est-il que c’est la doublure idéale de Nicolas Sarkozy. D’ailleurs, les autres membres du gouvernement constituent également des doublures idéales pour le chef de l’Etat.

Le président de la République est partout et veut tout faire, au risque de mal faire. L’exemple le plus criant reste le dossier concernant la réforme des universités où la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, fait figure de plante verte face à celui qui veut jouer les démineurs.

Le Premier ministre reste tout aussi mal loti que la plupart des autres membres du gouvernement. En effet, si Nicolas Sarkozy cherche à s’imposer un style « médiatico-bonapartiste », on peut aisément se demander où se trouve celui du chef du gouvernement. Le Premier ministre se décrit lui-même comme un co-pilote du chef de l’Etat. Il ne fait que strictement suivre la feuille de route d’un hyper-président. En gros, Sarkozy, c’est Batman, maître de Gotham City et Fillon, c’est Robin, le fidèle serviteur. François Fillon est bel et bien la doublure d’un président qui veut tout imposer. Mieux, il se décrit comme un loyal fidèle suivant sans broncher les orientations et directives du maître de l’Elysée.

Et la Constitution dans tout cela ?

L’article 20 de la Constitution de notre cinquième république est pourtant clair : le gouvernement détermine et met en œuvre la politique de la Nation. Depuis le 16 mai dernier – date de la prise de fonctions de Nicolas Sarkozy – cette prérogative est plus ou moins piétinée, le Premier ministre se limitant à jouer le gentil animateur du gouvernement. Si le Président de la République souhaite – de manière officielle cette fois-ci – s’arroger tous les pouvoirs, qu’il le fasse savoir et qu’il réunisse le Parlement en Congrès afin de modifier la Constitution, histoire de clarifier les choses.
Dès lors, il paraît essentiel pour le bien de nos institutions de mettre un peu d’ordre et qu’on sache une fois pour toutes à quoi sert le Premier ministre. Toujours est-il que nous étions prévenus d’une certaine manière : en janvier 2006, lors de ses vœux à la presse, Nicolas Sarkozy – alors ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire – avait présenté le prototype de sa future présidence : « l’Etat, c’est moi », façon Louis XIV, le Premier ministre n’étant délégué qu’à un rôle de super collaborateur et coordinateur. Aussi, si le clonage humain n’existe pas (pour l’instant), le clonage gouvernemental a de beaux jours devant lui. La preuve : Nicolas Sarkozy est décliné en 15 ministres et 16 secrétaires d’Etat.


Une de "L'hebdo des socialistes" du 5 juillet 2007

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