jeudi 5 avril 2007

Avec Sarkozy, vive la liberté de la presse.

Nous vous diffusions l'intégralité de l'article rédigé par les socialistes de Sciences Po Lille, suite au coup de sang du candidat de l'UMP au sujet d'un reportage réalisé par France 3 Nord, le mercredi 28 mars dernier. Sans commentaires ! Avec l'aimable autorisation de la section universitaire de Sciences Po Lille.
PS : nous vous invitons régir à cet article et le diffuser autour de vous. Bonne lecture !
Samedi 31 mars, sur le blog des socialistes de Sciences Po Lille, article et communiqué de l'UMP que vous pouvez retrouver sur http://sciencespolille.parti-socialiste.fr

Nicolas Sarkozy était l’invité mercredi 28 Mars du journal télévisé de France 3 Nord-Pas-De-Calais après sa grande messe à Lille Grand Palais. Le Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine et de l’UMP a fait feu de tout bois après un reportage diffusé en introduction. Celui-ci concernait la perte du contrat de la fabrication des passeports par l’Imprimerie Nationale de Douai au profit d’un fabriquant privé, après arbitrage du Ministère de l’Intérieur.
S’empêtrant dans des explications laborieuses autour d’un appel d’offre qui n’aurait jamais dû exister du fait de son illégalité, il a préféré attaquer de façon frontale et violente la présentatrice, arrivant même à s’enorgueillir de l’application d’une décision du Conseil d’Etat :
« j’ai déjà vu des reportages malhonnêtes, mais de cette nature c’est assez rare ![…] Manque d’objectivité ! […] C’est un reportage sommaire et quelque peu politique que vous osez présenter !»
L’ancien Ministre de l’Intérieur ne tolère visiblement pas que d’outrecuidants journalistes viennent à le contredire. En effet, ce n’est pas tant les arguments avancés qui le perturbent, il ne nie pas, mais qu’un journaliste ose mettre sa parole en doute et lui pose une question dérangeante.
Le communiqué infâmant qu’a diffusé sans attendre l’UMP 59 va d’ailleurs dans ce sens. Qualifiant les questions des journalistes « d’attaques» l’UMP s’insurge que « le rédacteur en chef intervienne dès le lendemain sur le plateau du 19/20 régional afin de contredire les propos de Nicolas Sarkozy. Monsieur Grenu n’est pourtant pas candidat. » (sic) appelant ses militants à
« montrer [leur] mécontentement en saisissant le service téléspectateurs de France 3 [en] téléphon[ant] au 03 20 13 23 23. » Monsieur Grenu était venu le lendemain réaffirmer l’impartialité de sa rédaction et l’objectivité du reportage incriminé.
Pour l’UMP, un bon journaliste est donc un journaliste qui se contente d’accueillir l’homme politique et de lui donner des sujets à développer. Le journaliste pour l’UMP ne joue plus son rôle d’investigateur, essentiel pour la bonne marche de la démocratie, d’arbitre du débat public, oubliant comme le rappelle le code de déontologie des journalistes le droit du public à connaître les faits et les opinions [dont] procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
Dans la France d’Après, le journaliste s’effacera face à la stratégie de communication du politique. Après avoir remis en cause l’indépendance de la justice et le pouvoir discrétionnaire des juges, le candidat de la droite voudrait museler la presse.
Nous, socialistes étudiants à l’Institut d’Etudes Politiques, condamnons avec force ces tentatives d’intimidations téléphoniques d’un autre âge ainsi que ces positions indignes d’une démocratie.

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